Le mot budo est composé de deux kanji, bu (武) et do (道). Bu veut dire martial ou guerre, et do/michi veut dire chemin ou voie. Ainsi lorsqu’il est utilisé comme suffixe à une activité, do exprime un ensemble fini de connaissances, un (long) processus de perfectionnement dans une discipline. Dans son sens large, le budo est une voie de développement personnel via l’étude de traditions et techniques prenant leur origine dans les arts de guerre des samouraïs. Les faits historiques montrent clairement que les gendai budo (les budo modernes) n’ont pas été conçus en priorité comme des systèmes de combat guerriers ni même de défense personnelle, mais en tant que des systèmes d’éducation. Il faut d’ailleurs noter que beaucoup de kobudo (les budo anciens, d’avant 1868 et le début de l’ère Meiji) dont sont issus les gendai budo, n’avaient pas non plus comme vocation primaire d’être des systèmes de formation à la guerre, et que c’était déjà des méthodes à but largement éducatif.
Évidemment, le contexte historique et anthropologique qui a vu naître les kobudo, c’est-à-dire le Japon féodal, a changé. On peut prendre pour exemple les nombreuses défenses contre des saisies de la main, directement issues de la préoccupation des samouraïs de se défendre contre un ennemi qui les aurait empêchés de dégainer leur sabre. Les budo n’ont donc pas pour objectif l’efficacité telle qu’on pouvait la concevoir à l’époque, ou telle qu’on pourrait la concevoir, aujourd’hui, dans une société en guerre.
Quels bénéfices ?
Les techniques ne sont que la partie superficielle des budo. Les enseignements qui peuvent en être tirés sont beaucoup plus profonds et complexes que la simple acquisition de gestes réflexes précis et efficaces. Il y a bien sûr l’aspect physique de la pratique, où l’on apprend à se connaître, se contrôler, et se dépasser, ainsi qu’à se servir de son corps de façon optimum, à gérer l’espace, etc. Mais il en ressort également un aspect social, puisque l’on apprend à interagir avec d’autres et à accepter un contexte et des conventions pour harmoniser les interactions, de même qu’un aspect moral lié à l’importance accordée aux valeurs de respect, d’humilité et de pacifisme.
Malgré cela, les techniques enseignées dans les budo restent bien des techniques martiales et elles conservent des degrés variables d’efficacité en fonction des écoles et des professeurs. Les budo se situent à la croisée des chemins entre développement personnel et efficacité, assumant entièrement leur paradoxe : ils sont écoles de guerre enseignant la paix, ils sont arts de vie ancrés dans des techniques de mort. Essayer de trouver un juste équilibre dans cette apparente contradiction, c’est cela qui anime les budoka. C’est le concept du shin-gi-tai (心技体), littéralement « esprit-technique-corps », composé d’éléments interdépendants dont le perfectionnement, le polissage, constitue le chemin d’une vie consacrée au budo.