Philosophie de l’École Mawashi

人間形成の道

Ningen keisei no michi

La voie du perfectionnement de l’humain

L’emblème de l’école

L’emblème de l’école est composé de deux éléments : une vague (nami), et une fleur de cerisier (sakura).

La vague, c’est l’eau : destructrice et créatrice à la fois, puissante et immobile, violente et calme. Cet élément double nous montre la voie. A l’image d’un ruisseau, on débute dans la vie et dans le budo sans faire de vagues, tranquillement, en cherchant sa route et en contournant les obstacles se trouvant sur notre chemin. Puis on prend de l’assurance, on gagne en vigueur et en force, persuadé que rien ne peut nous arrêter, à la manière d’un torrent se frayant son passage jusqu’au bas de la montagne. Mais le torrent finit toujours par s’apaiser et devenir fleuve, véritable force tranquille ayant trouvé sa place et parcourant ainsi la plus grande partie de son chemin. Enfin, arrivera invariablement le moment où le fleuve se jettera dans l’océan, s’unissant à l’immensité créatrice, devant ainsi partie d’un tout.

La fleur de cerisier c’est la perfection, la beauté des choses éphémères, le renouveau. La floraison des cerisiers du Japon, célébrée chaque année sur tout l’archipel, est un appel à l’introspection nous rappelant la brièveté de la vie, mais également sa beauté simple. Chaque instant, chaque détail, si insignifiant qu’il puisse nous apparaître de prime abord, mérite notre attention. Mais la sakura nous invite également à nous tourner vers l’avenir. En tant qu’annonciatrice du printemps, elle symbolise la renaissance de la nature et la possibilité sans cesse renouvelée de devenir quelqu’un de meilleur.

Enfin mawashi c’est le déplacement circulaire qui entoure et qui accompagne ; c’est la trajectoire qui additionne les énergies ou les transmet en douceur ; c’est aussi le mouvement qui amène au cercle, symbole de plénitude et de vacuité, du renouveau et de l’achèvement, représenté dans le bouddhisme zen par l’ensō.

Approche pédagogique

Avant de démarrer la pratique, il est nécessaire de se préparer et de se rendre disponible, tant physiquement que mentalement. C’est pourquoi chaque cours commence par un moment de méditation puis d’échauffement, afin de se trouver dans les bonnes conditions d’apprentissage. Enfin, la leçon s’achève par un retour au calme, aussi bien sur les plans physiques que psychiques.

Etant par définition un art corporel, les premiers enseignements prodigués se portent sur le corps. Le travail des postures, du déplacement dans l’espace, mais aussi l’appréhension des principes généraux qui régissent la mécanique du corps humain font partie des exercices fondamentaux ; de même pour la stabilité, la coordination et la gestion de son centre de gravité. Ces aspects peuvent être notamment travaillés via l’apprentissage des bases techniques, lors d’exercices pratiqués seul ou à deux.

S’ensuit la découverte et le perfectionnement du corpus technique en lui-même. Il s’agit d’un ensemble de quarante techniques, dont le contenu est travaillé en fonction de l’évolution du pratiquant, lors d’enchainements pratiqués à deux. Lors de cette phase, les deux rôles sont aussi importants l’un que l’autre : sans uke (celui qui attaque), tori (celui qui se défend) ne pourrait pas travailler. C’est pourquoi seule une attaque portée honnêtement permettra le travail d’une technique juste par tori, de même que sa réaction se doit d’être juste et mesurée afin de ne pas blesser uke.

Le budoka se perfectionne ainsi grâce aux autres, mais également avec les autres. Le cadre sanctuarisé du dojo autorise des interactions sociales qui, à l’extérieur, seraient considérées comme des agressions. Cependant les conventions qui ont cours au dojo imposent les valeurs de respect, de bienveillance et d’humilité que la pratique régulière doit permettre d’ancrer au plus profond de chacun.

Les grades

En budo, le grade représente une triple valeur qui correspond au concept de shin-gi-tai (心技体), littéralement « esprit-technique-corps ». Ces trois éléments, indissociables et interdépendants, doivent être perfectionnés petit à petit par le budoka pour que ce dernier puisse se voir honoré du grade supérieur. Autrement dit, être capable de reproduire une suite de mouvements, si complexe soit-elle, sans en comprendre les tenants et les aboutissants, ne suffit pas.

shingitai

Jusqu’à l’obtention du premier dan et donc du droit de porter une ceinture noire, l’élève porte une ceinture blanche. Sa progression en tant que mudansha, c’est-à-dire « quelqu’un qui ne porte pas de dan », est néanmoins marquée par le passage des kyu, du 6e au 1er. Cette première période est consacrée à l’apprentissage des bases de la technique et des grands principes qui les animent. Cela permet de préparer l’esprit et leur corps à l’entrée dans le groupe des yudansha, les « porteurs de dan ».

L’obtention du premier dan marque une étape essentielle dans l’évolution d’un budoka, dans la mesure où elle symbolise le début du « véritable » apprentissage. En effet ce n’est qu’après avoir établi des fondations solides que peut alors commencer l’édification à proprement parler.